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POLITIQUE – En principe, les planètes étaient parfaitement alignées pour Marine Le Pen, qui faisait sa rentrée politique ce week-end à Fréjus, ville vitrine du Rassemblement national. Son vocabulaire sur “l’ensauvagement” est adopté par le ministre de l’Intérieur, la droite est toujours orpheline de leader naturel pour 2022, la séquence médiatique accorde une large place à l’insécurité… Autant d’éléments qui devaient permettre à la présidente du RN de dérouler ses fondamentaux. Et, au passage, de s’adresser aux électeurs de droite déroutés par la tentation macroniste affichée par plusieurs grands élus LR.
“C’est l’actu qui veut ça. Tout le monde comprend l’insécurité. Tout le monde sait ce que ça veut dire et tout le monde peut y être confronté. C’est notre terrain et c’est notre rôle d’être là-dessus”, commentait, confiant, un responsable du parti en amont de ce rassemblement varois.
Oui mais voilà, une autre thématique s’est imposée quelques heures à peine avant l’ouverture des hostilités: la remise en cause de sa capacité à faire gagner son camp. Un jeu auquel Robert Ménard a donné le coup d’envoi, n’hésitant pas à parasiter la rentrée politique du parti dont il avait bénéficié du soutien en 2014.
Un ton “mesuré”
“Je pense que, aujourd’hui, elle n’est pas en position de gagner”, a déclaré dans Le Point le maire de Béziers, déplorant “les analyses très gauchisantes du RN” sur les questions économiques, dans un contexte où plusieurs cadres du parti accusés de lorgner un peu trop sur la droite (comprenez, sur Marion Maréchal) ont été sanctionnés dans la torpeur de l’été. Pas question donc pour Marine Le Pen de laisser s’installer un procès en illégitimité, tant sur la forme que sur le fond de son propos.
Sur la forme d’abord. Le conseiller spécial de la présidente du RN, Philippe Olivier, avait promis auprès de l’AFP un ton “mesuré”, visant à forger une image de présidentiable, que des discours trop agressifs peuvent écorner, à l’image de son débat d’entre-deux tours face à Emmanuel Macron. Outre le recyclage d’une formule, cette fois adressée à Éric Dupond-Moretti (brocardé en Christiane Taubira “en pire”) au milieu d’une salve de critiques, Marine Le Pen a effectivement livré un discours (un peu) plus dépouillé de provocations d’estrade qu’à l’accoutumée.
“L’État doit la protection à tous, Français ou immigrés, quel que soit le quartier”, a-t-elle notamment déclaré, dans ce qui sonne comme une entorse faite au sacro-saint principe de préférence nationale inscrit dans l’ADN du RN. La députée du Pas-de-Calais a même affirmé que les immigrés pouvaient être “les premières victimes” de l’insécurité.
Certes, il y a eu cette charge contre “la barbarie qui s’installe” au cœur de cet ”été meurtrier” qui a vu s’imposer un “état d’anarchie dans nos rues”. Mais pas grand-chose en comparaison à d’autres discours de rentrée qu’elle a pu donner, quand elle promettait notamment de mettre “l’islam radical à genoux”. Un prise de parole volontairement lissée qui s’accompagne de messages subliminaux à ceux qui, à l’instar de Robert Ménard, lui promettent une défaite en 2022.
Comparaison historique
Pour ce faire, Marine Le Pen est allée piocher dans l’histoire. Selon elle, l’affrontement en 2022 se jouera entre les globalistes (incarnés par Emmanuel Macron) et les localistes, dont elle se dit la porte-parole. Une situation qui serait comparable à celle observée entre 1974 et 1981, entre Valéry Giscard-d’Estaing et François Mitterrand.
“Il a fallu deux présidentielles pour départager Giscard et Mitterrand et décider d’un choix de société en 81, entre socialisme et libéralisme. Rien d’étonnant s’il faut deux élections pour que le localisme l’emporte”, a-t-elle déclaré, faisant donc un parallèle entre son duel annoncé contre le chef de l’État à celui qui a débouché sur l’élection du premier président socialiste de la Ve République.
Marine Le Pen, qui rappelle sans le dire le parallèle qui est souvent fait entre Emmanuel Macron et “VGE”, espère-t-elle voir l’histoire se répéter? Outre le fait que la formation qu’elle préside n’a jamais accédé aux fonctions suprêmes, que son implantation locale et nationale est sans commune mesure avec celle du PS des années 80, 68% des Français ne veulent pas d’un duel Macron/Le Pen en 2022 selon un sondage Ifop. Ce qui laisse penser que cette analogie historique est peut-être un peu courte pour convaincre Robert Ménard d’arrêter de fusiller sa candidature.
Autre exemple historique sélectionné par la députée du Pas-de-Calais, la victoire de la droite aux législatives de 1986, qu’elle met sur le compte du “laxisme” de Robert Badinter. “Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous connaîtrons les mêmes conséquences. L’une qui s’est déjà produite cet été, c’est l’explosion de la délinquance. L’autre qui se fait jour : c’est une légitime revendication d’ordre et de sécurité qui monte dans le pays”, a-t-elle indiqué, s’inspirant de ce qui, selon elle, a conduit à la victoire de la liste de Jacques Chirac.
Après avoir s’être revendiquée du général de Gaulle, Marine Le Pen se place donc maintenant dans les pas de deux figures centrales de la Ve République, farouchement combattues par son père Jean-Marie Le Pen. Pas évident après ça d’abattre la carte “anti-système”.
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