BD: quand les héros de western nous guident dans un voyage intérieur

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DELCOURT

La couverture de « L’étoile solitaire », premier tome de la BD Nevada (éditions Delcourt).

BANDE DESSINÉE – En entamant la lecture de “L’étoile solitaire”, le premier tome de la bande dessinéeNevada (éditions Delcourt), on doute un peu de la pertinence du projet de Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Colin Wilson et Jean-Paul Fernandez. Le héros ne sera-t-il pas un mélange raté de Blueberry et Undertaker? Aucunement! Le tome 2, “Route 99″, confirme l’intérêt suscité par le précédent. Nevada Marquez est un personnage qui se tient! Dans l’Amérique de l’entre-deux-guerres, tiraillée entre la mémoire de la conquête de l’Ouest et l’émergence de la société de consommation et de divertissement, cet aventurier cascadeur qui travaille pour une productrice de l’industrie cinématographique hollywoodienne naissante, Louise Hathaway, offre quelque chose d’original au lecteur. D’abord dans la forme: le cow-boy solitaire a troqué son cheval pour une Harley Davidson… Il évolue par ailleurs dans des paysages et des cités métissant deux époques des États-Unis, celle des saloons et celle du chemin de fer. Les colts et les jeunes mitrailleuses “Gatling” parlent haut et fort mais plus contre des Indiens. Ce sont les trafiquants de drogue, nouvelle espèce de criminels, auxquels le héros doit se confronter. Le job de Nevada? Retrouver des vedettes qui se perdent dans des frasques variées, mettant ainsi en péril le tournage des films. 

De surcroît, un halo de mystère entoure Nevada: le général Pershing, figure du corps expéditionnaire états-unien de la première Guerre Mondiale, a voulu le faire passer en cour martiale. Il a donc passé quelques années dans l’armée, a priori dans les Marines, et s’est battu contre les Mexicains: sans doute cette partie de sa vie s’éclairera-t-elle dans les albums à venir. Et puis un secret le lie à Louise, vraisemblablement douloureux, qui les conduit à rechercher avec acharnement un dénommé Carlsen. 

On a également plaisir à le suivre dans les rues de San Francisco, au cœur de Chinatown ou sur un magnifique bateau dans la baie où il remet en place le célèbre James Cagney, icône des films de gangsters. Poursuivi par un chef de bande chinois utilisant l’avion pour défier sa Harley, sur la route 99 (qui relie Sacramento, Los Angeles et San Francisco), il parvient néanmoins à nous offrir une escapade littéraire en compagnie de Dorothy Johnson, auteure de romans et nouvelles, tandis qu’il se débarrasse de quelques malfrats en compagnie d’agents du FBI… Ami de l’écrivain Jack London, ancien Marine, combinaison de détective privé et de chasseur de prime, Nevada n’a pas fini d’intriguer et de passionner les amateurs de western.

 

 

Ces derniers trouveront aussi beaucoup d’intérêt à la version BD de Jeremiah Johnson (éditions Soleil), incarné au cinéma par le charismatique Robert Redford. Le binôme formé par Jeremiah et Old Joe Hatcher fait revivre la vague western des années 70. Ces amoureux de la nature sauvage, qui ne craignent pas de scalper des Indiens ou de tuer des bêtes sauvages, ne suscitent guère la sympathie –pas davantage que les Blackfoots qui massacrent des enfants, pillent et violent– jusqu’au moment où Jeremiah rencontre “Femme folle”, dont il tente de prendre soin. Puis lorsque Johnson épouse la belle Cygne, membre de la tribu des Flatheads, il apprend à cultiver amour et douceur. A ce moment vient le drame terrifiant qui le refait sauvage et implacable, en quête des Crows, afin d’assouvir sa vengeance. On attend la suite pour apprécier cette intéressante expérience de transposition d’une légende de l’Ouest (le “mangeur de foie”) en bande dessinée. 

 

 

Pour terminer cette petite descente dans l’univers de la cavalerie, des grands espaces, des duels au revolver et des bivouacs dans les vastes plaines, on se plongera avec curiosité dans Wilderness (éditions Soleil), une libre adaptation du roman de Lance Weller. L’intrigue est simple: en 1899, un homme brisé par la guerre de Sécession et le décès de sa fille et de sa femme dans des conditions un brin nébuleuses, devient une sorte d’ermite des forêts de l’Est. Cherchant tout à la fois à oublier et à hâter sa fin, il finit par traquer deux hommes qui volent son chien. A cette occasion, il fait quelques rencontres symboliques l’amenant à remettre en scène des instants clefs et des lieux dramatiques de son passé. D’une certaine manière, il n’a pas renoncé à découvrir un chemin de rédemption. Le travail graphique d’Ozanam et Bandini réalise avec cette histoire minimaliste un travail d’exception, à la fois puissant et épuré. On se laisse facilement emporter par ces dessins orientés vers l’essentiel et très élégants.

Bien entendu, le cœur de la BD tourne autour des séquelles psychologiques provoquées par la guerre, mais Wilderness va au-delà et aborde bien d’autres nœuds psychologiques de l’esprit humain, tout en constituant une sobre réflexion sur les notions de responsabilité et de culpabilité. Au final, les aventuriers de l’Ouest se révèlent de fantastiques éclaireurs de notre complexité spirituelle.

 

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