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AFP
POLITIQUE – Longs soupirs. Signes d’agacement. “Je m’en fous…” ou encore “mmhhhh…”. Voilà les premières réactions des responsables des Républicains quand on les interroge sur les déclarations fracassantes de l’un des leurs, Christian Estrosi, dans Le Figaro ce 1er septembre.
Le maire de Nice prend le large et appelle sa formation politique à “passer un accord avec Emmanuel Macron” en vue de 2022. Autant dire disparaître pour la formation qui a mis au pouvoir quatre présidents sur huit au cours de la Ve République.
“Mangé par les deux bouts”
Le numéro 3 du parti, Aurélien Pradié, a donné le ton ce mardi matin sur France Info. “Je trouve ça totalement misérable”, affirme le député LR qui accuse Christian Estrosi de “se vendre au plus offrant”. “Ne soyons pas des girouettes!” a intimé sur Twitter l’eurodéputée LR Agnès Evren. “Si nous ne défendons pas nos valeurs (…), nous serons mangés par les deux bouts, entre le RN et LREM”, pressent-elle.
Alors Christian Estrosi a-t-il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas? C’est-à-dire qu’il n’y aurait que l’issue d’une alliance avec Macron pour la formation de droite qui s’est déjà fait “manger” par LREM au début du quinquennat et dont les deux poids lourds du gouvernement, Bruno Le Maire à Bercy et Gérald Darmanin à l’Intérieur sont issus.
Cela ne révèle rien de LRBrice Hortefeux, conseiller politique de LR
“La position aujourd’hui publique de Christian Estrosi est celle privée depuis déjà plusieurs années”, relativise d’emblée Brice Hortefeux pour Le HuffPost. Selon lui, l’initiative est loin d’être partagée au sein de son parti. “La meilleure démonstration que cela ne révèle rien de LR, c’est que les tentatives de débauchage lors du dernier remaniement n’ont eu aucune prise contrairement à ce que La République en Marche annonçait”, veut-il croire.
“Ce n’est absolument pas représentatif”, appuie Annie Genevard, vice-présidente LR de l’Assemblée nationale. “Contrairement à ce qu’affirme Christian Estrosi dans cette interview, personne parmi les parlementaires ne pense ça, à part peut-être Guillaume Larrivé qui a fait une offre de service à En Marche en juin”, poursuit la députée du Doubs.
“Protéger Muselier”
Un constat partagé chez nos nombreux interlocuteurs qui y voient aussi une façon de se placer dans un prochain gouvernement. “La ficelle est un peu grosse”, admet Philippe Gosselin, député LR de la Manche qui doute de la sincérité du propos. “Je veux bien qu’on entonne le thème de l’intérêt général, mais on ne peut pas en faire une position de groupe, c’est une démarche individuelle”.
Certains y voient aussi une forme d’accord préalable pour ne pas avoir de candidat En Marche face à Renaud Muselier dans la région PACA en 2021, anciennement dirigée par Christian Estrosi. “Ce sont des propos qui expriment des intérêts électoraux pour protéger Muselier plus qu’une véritable stratégie politique”, analyse Charles de Courson, vieux briscard de la politique et élu UDI. “Quand je l’ai rencontré à Nice, je lui ai dit de prendre sa carte chez les centristes!”, s’amuse le député de la Marne qui rappelle le positionnement favorable de Christian Estrosi envers Macron depuis plusieurs années et qui n’a pas eu de candidat LREM face à lui aux municipales.
Je lui ai dit de prendre sa carte chez les Centristes!Charles de Courson, député UDI de la Marne
“Il était sur la position de LR et c’est heureux, au début du mandat”, rappelle de son côté Julien Dive, député de l’Aisne qui note lui aussi une ambition personnelle. “Il sort du bois après avoir eu le tournis du lancement du Tour de France en présence du Premier ministre, ça lui a peut-être donné des envies d’ailleurs…”
“C’est dangereux et déstabilisant”
“Il voudrait faire voter Marine Le Pen qu’il ne s’y prendrait pas autrement”, poursuit Charles de Courson qui regarde de loin les démêlés du parti de Christian Jacob. “Si les Républicains ne sont plus capables de tenir une partie de la droite dure ça veut dire que celle-ci va voter Le Pen”, pressent-il. “Je trouve ça très dangereux, très déstabilisant, ça sème le fiel du doute. Comme si nous n’avions personne pour incarner l’alternance, comme si nous devions être des supplétifs!”, regrette à son tour Philippe Gosselin.
Il faut dire que dès les propos de Christian Estrosi sortis, les dirigeants proches du Rassemblement national se sont engouffrés dans la brèche pour dénoncer un parti qui “trahit ses électeurs” (Nicolas Dupont-Aignan), une droite qui ne cherche plus qu’à “singer son maître” (Robert Ménard) ou des élus LR qui n’ont “pour seule ambition que de devenir les supplétifs de Macron”, comme l’a aussi tweeté Nicolas Bay, député européen RN.
On ne peut pas nier qu’on a un problème de leadershipValérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône
Quoi qu’il en soit, les propos de Christian Estrosi, qui a toujours sa carte chez LR, font mal au parti. “Si on avait un candidat, on n’aurait sans doute pas eu ces propos”, reconnaît Philippe Gosselin. “On ne peut pas nier qu’on a un problème de leadership et de désignation du candidat. Or, nous avons de nombreux talents à droite”, affirme Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône qui fera sa rentrée au côté de Julien Aubert à Lourmarin (Vaucluse) ce week-end au même moment que celle organisée par le parti pour les jeunes à Port-Marly (Yvelines).
Rentrée dispersée
Il y avait la semaine dernière le rendez-vous de Valérie Pécresse et son mouvement “Libres” dans l’Essonne et au même moment les journées d’été de Bruno Retailleau qui ne cache plus ses ambitions à La Baule (Loire-Atlantique). De quoi donner l’image d’un parti dispersé en attendant François Baroin qui doit clarifier sa position pour 2022 à l’automne. “Quelques signes de sa part seraient les bienvenus”, réclame timidement Annie Genevard pour qui le maire de Troyes (Aube) est le mieux placé pour “l’emporter”.
“Je regrette qu’il y en ait qui tirent la couverture à eux. Il y a aussi la fête de la violette organisée par Guillaume Peltier”, se plaint Julien Dive, proche de Xavier Bertrand qui “a eu la décence de ne pas organiser d’événement”, salue le jeune LR. Et de résumer ainsi, ce que, pour le coup, beaucoup pensent tout bas: “Moi aussi je pourrais organiser la fête aux haricots, ou à la betterave tiens, c’est de circonstances!”.
Faute de candidat, les LR en ont encore pour un peu de temps avant de pouvoir afficher leurs ambitions en vue de 2022.
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