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CLEMENT MAHOUDEAU via Getty Images
POLITIQUE – “L’agachon”. Cette technique de chasse sous-marine prisée à Marseille consiste à se positionner sous l’eau en apnée et sans bouger. Le but: attendre le plus discrètement possible que l’occasion se présente pour agir. Une pratique qui correspond assez bien à la trajectoire de Benoît Payan qui, sauf improbable retournement de situation, est assuré de prendre le fauteuil de maire dont Michèle Rubirola ne veut plus, et devenir ainsi le plus jeune édile jamais élu dans la cité phocéenne. L’homme de 42 ans s’est officiellement porté candidat avant le Conseil municipal exceptionnel qui se tiendra ce lundi 21 décembre.
Car l’ex-président du groupe PS à la mairie de Marseille a d’abord su s’effacer dès le mois de janvier, conscient que son CV d’apparatchik socialiste pouvait agir comme un épouvantail, à l’heure où le fragile projet d’union de la gauche qu’il bricolait avec d’autres menaçait clairement de tomber à l’eau. Six mois plus tard, son “geste” payait et, fumant sa cigarette sous les vivats en face de l’Hôtel de Ville, c’était bien lui qui était perçu comme l’artisan de l’alternance. Une position décisive que les premiers mois du mandat Rubirola n’ont fait que fortifier, jusqu’à ce qu’à la confirmation suprême.
Première alliance en 2015, première victoire
Pourtant, c’est peu dire que ce notaire de formation partait avec un sérieux handicap. Car s’il paraît difficile (voire impossible) de prétendre à l’union de la gauche après le mandat de François Hollande, le faire dans une ville marquée par les affaires Guérini relève du miracle. D’autant que Benoît Payan a fait ses classes auprès de l’état major socialiste marseillais, travaillant notamment dans les cabinets de Michel Vauzelle et Marie-Arlette Carlotti. Pas forcément un atout à l’ère du dégagisme. Quand cette dernière a été nommée Ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l’exclusion par François Hollande, elle a rejoint Paris avec Benoît Payan dans ses bagages.
C’est d’ailleurs sous le patronage de l’actuelle sénatrice des Bouches-du-Rhône qu’il s’est lancé pour la première fois aux côtés de Michèle Rubirola (alors EELV), lors des départementales de 2015. Première alliance et première victoire pour le binôme écolo-socialiste. Un an plus tard, Benoît Payan devient président du groupe PS à la mairie de Marseille, où il imprime son style et développe son influence. Jusqu’à devenir un acteur incontournable des élections municipales de 2020, tout en jouant le rôle du sacrifié sur l’autel de la cause commune.
“J’ai toujours dit que la question n’était pas ma personne. On a voulu se servir de moi pour déconstruire le Printemps marseillais en disant: ‘s’il est candidat, comme il est socialiste, il n’y aura pas de Printemps marseillais’”, expliquait-il à Libération au mois d’octobre, avant d’ajouter: “J’ai toujours dit -et l’histoire l’a prouvé- que je ne faisais pas de ma candidature l’alpha et l’oméga du Printemps marseillais”. Une fois la victoire acquise, le premier adjoint de Michèle Rubirola a rapidement était perçu comme un professionnel de la politique connaissant les dossiers marseillais sur le bout des doigts et outrepassant ses prérogatives, quand la maire élue était soupçonnée de jouer l’effacement.
Maire bis
“Benoît Payan omniprésent, omniscient, omnipotent. Bref, Benoît Payan tout-puissant, attention”, grinçait en Conseil municipal l’élu LR Didier Réault. Un rôle de maire bis que les quatre semaines d’intérim pour pallier la convalescence de Michèle Rubirola n’ont fait que renforcer. Au moment où le gouvernement décidait des restrictions dans la région marseillaise, c’est bien le quarantenaire qui se tenait face caméra et derrière le pupitre barré de la croix bleue ciel pour dénoncer “un affront” décidé depuis Paris.
Alors, quand les rumeurs sur les envies de démission de Michèle Rubirola ont commencé à circuler, les regards se sont naturellement tournés vers Benoît Payan, son “binôme” dont l’édile ne cessait de vanter la complémentarité de leurs profils dans la presse. Comme si l’écologiste reconnaissait qu’en politique, les bons candidats ne font pas tout le temps les meilleurs responsables, et vice-versa. Quoi qu’il en soit, c’est bien cette complémentarité qui conduit ce lundi Benoît Payan, qui n’a toujours pas de page Wikipédia à son nom, à sortir de l’ombre dans laquelle il s’était mis en retrait. Et, tel un chasseur à “l’agachon”, de saisir sa proie au moment où elle s’offre à lui: l’Hôtel de Ville.
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