Coronavirus: les nouveaux tests rapides sont-ils la solution face à la hausse des cas ?

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SCIENCE – Le 27 août, Donald Trump a annoncé l’achat de 150 millions de “tests rapides” permettant de détecter le coronavirus en 15 minutes seulement. Un “développement majeur qui va aider notre pays à rester ouvert, ramener les Américains au travail et les enfants à l’école”, selon sa porte-parole.

Ce test, appelé BinaxNow, a été développé par les laboratoires Abbott et a reçu une autorisation de mise sur le marché de la FDA (le gendarme américain du médicament). Quelques jours plus tard, le 1er septembre, c’est le groupe suisse Roche qui a annoncé que son test rapide sera disponible d’ici fin septembre pour l’Union européenne. On ne parle pas ici des tests rapides sérologiques, pour savoir si l’on a été par le passé infecté par le coronavirus, mais de “tests rapides d’antigènes”, qui ont le même but que les tests PCR: savoir si l’on est actuellement touché par le Covid-19.

De nombreux épidémiologistes ont salué ces avancées, expliquant que la possibilité de réaliser des tests rapides et ne nécessitant pas d’instruments coûteux pourrait permettre de mieux diagnostiquer, et donc de mieux contrôler l’épidémie de Covid-19. Ce qui serait utile au vu du regain épidémique qui touche de nombreux pays, dont la France. Mais pour l’instant, les preuves d’efficacités de ces “tests antigènes” sont sommaires et n’ont pas été publiées dans des revues scientifiques.

“La Haute autorité de santé ne s’est pas encore positionnée sur ces tests et quand elle le fera, ce sera à partir de publications scientifiques”, précise au HuffPost Denis-Jean DAVID, adjoint au chef du Service d’Evaluation des Actes Professionnels à la HAS. En attendant, voici ce qu’il faut savoir sur ces tests rapides d’antigènes.

(Presque) aussi simple qu’un test de grossesse

Actuellement, le standard pour détecter un cas covid est le test PCR. Le principe est complexe, mais peut se résumer ainsi: on analyse un échantillon provenant du fond du nez du patient à la recherche de l’ARN du virus, son code génétique. Comme il peut-être compliqué de le trouver, la présence du génome viral est “amplifiée” un certain nombre de fois, ce qui permet de s’assurer que s’il y a du virus dans l’échantillon, même une part infime, il est repéré.

Le problème, c’est que ces analyses sont coûteuses et longues à réaliser, car elles nécessitent des machines bien spécifiques, ce qui explique en partie les délais d’attente parfois longs avant d’avoir le résultat.

“À l’inverse, avec le test antigénique, on met en évidence les antigènes, les protéines du virus”, explique Denis-Jean David. L’antigène, à la surface du coronavirus, est l’endroit où se fixent les anticorps que nous produisons pour lutter contre le virus. “On va donc révéler les antigènes présents dans l’échantillon avec des anticorps fabriqués et collés sur une membrane”, détaille Denis-Jean David.

L’intérêt de cette technique, c’est qu’elle peut se faire sur un petit boitier de la taille d’une allumette et ne coûte pas cher: 5 dollars le test, selon Abbott. Le résultat, lui, est accessible en un quart d’heure, via une bande qui se colore, un peu comme avec un test de grossesse. Surtout, ce genre de diagnostic peut être réalisé en laboratoire, mais aussi chez un médecin généraliste, voire chez le pharmacien. De quoi désengorger les laboratoires de ville.

La sensibilité en question

Le test antigène a donc de nombreux avantages, mais aussi des inconvénients. “En général, ces tests sont moins sensibles que les tests PCR, qui recherchent de l’ARN”, avertit Denis-Jean David. La raison est simple: le test PCR “amplifie” le virus présent plusieurs fois. C’est comme si à chaque cycle, le nombre de virus doublait. Si on fait suffisamment de cycles, même une présence minime peut être révélée. On arrive d’ailleurs avec cette technique à en trouver dans des échantillons d’eaux usées (car le virus est présent dans les selles des patients).

À l’inverse, cette amplification ne peut pas être réalisée pour la recherche des antigènes du coronavirus. C’est pour cela qu’en général, un test antigène est moins sensible. Cela veut dire qu’il a plus de risque de ne pas détecter le virus dans un échantillon où celui-ci est pourtant présent en petite quantité.

Pour autant, Roche comme Abbott affirment avoir atteint des chiffres impressionnants: 96% pour le premier et 97% pour le second. Mais la prudence est de mise. “Ces chiffres me paraissent bien, mais ce ne sont que des communiqués de presse”, précise Denis-Hean David. Car pour l’instant, ces résultats sont encore flous.

Des données peu claires

Du côté de Roche, le communiqué de presse affirme avoir réalisé des tests sur 426 échantillons dans deux centres d’analyses. Contactée par Le HuffPost, l’entreprise a confirmé que les résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique et vérifiés par des chercheurs indépendants.

Abbott a reçu une autorisation de la FDA qui donne des informations sur le test clinique (dont les résultats n’ont pas publié dans une revue scientifique). Celui-ci a été réalisé sur 102 échantillons. 35 positifs ont été trouvés par PCR et 34 via le test antigène d’Abbott. Un bon score, mais basé sur peu de cas.

Surtout, la plupart des patients étaient symptomatiques et dans les premiers jours de leur contamination, soit celle où on est le plus contagieux et avec le plus de particules virales dans le nez. D’ailleurs, Abbott a également testé 28 patients plus de sept jours après le début des symptômes et là, la sensibilité du test était de 75% seulement.

La question est donc de savoir si les tests antigènes d’Abbott et Roche permettront de bien identifier tous les porteurs du Covid-19, même s’ils ne sont pas dans la phase où le coronavirus est le plus actif.

Moins sensible, mais plus efficace ?

Mais est-ce que cette sensibilité plus faible pourrait au contraire être utile? C’est l’avis de certains chercheurs, rappelle Leapsmag. Car si le test PCR est le plus sensible, il pourrait presque l’être trop. En clair, via l’amplification, on peut trouver de l’ARN de coronavirus même s’il est peu présent. Or, on sait que pour être infecté, il faut être contaminé par un certain nombre de virus. Logiquement, plus une personne touchée par le Covid-19 a de virus dans ses gouttelettes, plus il a de risques de contaminer quelqu’un.

Avoir donc des tests très simples et rapides à utiliser, mais ne détectant que les personnes avec une charge virale importante pourrait donc être une solution intéressante pour arrêter les chaînes de transmission, estime l’épidémiologiste Michael Mina sur Twitter. Le problème étant qu’un test moins sensible pourrait ne pas détecter une personne présymptomatique quelques jours ou heures avant que sa charge virale ne devienne vraiment très importante. Une équation compliquée.

Surtout, les tests d’Abbott et Roche semblent certes rapides, bon marché et réalisables sans machine spécifique, mais ils nécessitent tout de même un écouvillon à insérer dans la cavité nasale. Et donc de l’encadrement. On est encore loin de l’autotest, comme pour la grossesse. Un test salivaire au fonctionnement différent est actuellement en cours de test par des chercheurs français. Les tests antigènes pourraient également théoriquement être réalisés avec un prélèvement de salive. Mais pour cela, il faudra encore attendre quelques semaines ou quelques mois.

A voir également sur Le HuffPost: les différents types de tests contre le coronavirus



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