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Josep LAGO / AFP
ESPAGNE – “Nous n’envisagerons pas un confinement strict”, a tonné le gouvernement espagnol ce samedi 23 janvier. Alors que l’Espagne est l’un des pays européens les plus touchés par la pandémie, avec près de 56.000 morts et 2,5 millions de cas recensés à ce jour, plusieurs dirigeants régionaux ont appelé au reconfinement. Mais les marges de manœuvre pour endiguer l’épidémie de Covid-19 s’épuisent et le gouvernement a, pour l’heure, écarté cette option, en raison des dommages économiques, sociaux et mentaux qu’elle pourrait engendrer.
“Cela affectera l’économie et coûtera plus de revenus que de décès”, a résumé auprès du journal espagnol El País Jesús Molina Cabrillana, épidémiologiste à la Société espagnole médecine préventive, de santé publique et d’hygiène (Sempsph). Pour l’instant, un décret annonçant l’état d’alerte national (en vigueur jusqu’à mai) impose un couvre-feu sur tout le territoire entre 22 heures et minuit selon les régions.
Face à l’urgence sanitaire, de nombreuses régions espagnoles, compétentes en matière de santé, comme la Catalogne ou Castille-et-León ont durci les mesures sanitaires depuis le début de l’année en avançant le couvre-feu en vigueur ou en fermant certains commerces. Dans plusieurs régions, la situation s’apparente dans les faits à un confinement comme en Catalogne, où les restaurants ne sont ouverts que pour le petit-déjeuner, en Galice, à Ibiza ou encore à Murcie. Mais à la question d’un confinement généralisé, le gouvernement est, pour l’instant, catégorique et temporise: “le maintien des restrictions actuelles contiendra le virus”.
1/ En Espagne, ce sont les régions qui fixent les règles anti covid à l’intérieur du cadre fixé par le gouvernement central. Ce dernier exclut un confinement pur et dur, mais en Galice on est « quasi confinés ». La liste des restrictions remplit une colonne à la « une ». pic.twitter.com/3NdwnVHC7y
— Mathieu de Taillac (@mdetaillac) January 26, 2021
Un premier confinement “catastrophique”
“Les capacités financières de l’Espagne pour se permettre un reconfinement généralisé sont très faibles, décrypte pour le HuffPost Anne-sophie Alsif, cheffe économiste au Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE). Le premier confinement a été catastrophique pour l’économie espagnole. Le pays est traumatisé”.
L’Espagne a connu une récession de 12,8% en 2020 selon les prévisions du FMI, ce qui en fait le pays d’Europe occidentale le plus touché par les conséquences économiques liées au Covid-19. En cause: le premier confinement instauré au printemps a été plus long et plus strict que la majeure partie des pays européens avec, notamment, la fermeture de toutes les activités non essentielles pendant quinze jours.
En Espagne, les activités affectées le plus durement par les restrictions concernent des secteurs qui pèsent davantage dans le PIB que dans d’autres pays d’Europe comme le tourisme ou l’hôtellerie. Sans compter que le rebond ne devrait être que de 5% en 2021 d’après l’OCDE, alors que le gouvernement avait tablé sur 9,8%.
“L’Espagne n’a pas les moyens pour se permettre un plan de relance national comme en France et attend donc beaucoup du plan de relance européen”, a poursuivi Anne-Sophie Alsif. Alors que dans l’Hexagone, un plan de relance de 100 milliards d’euros en deux ans a été voté pour rebondir face à la récession, l’Espagne compte sur les 140 milliards d’euros qui lui seront alloués par Bruxelles pour financer les mesures de soutien.
Le pays, qui sera le deuxième plus gros bénéficiaire des fonds européens après l’Italie souhaite notamment créer “plus de 800 000 nouveaux emplois en trois ans” avec cet argent, a estimé le chef du gouvernement Pedro Sanchez lors de la présentation du plan de relance espagnol.
Et Anne-Sophie Alsif d’ajouter: “Car la question n’est pas tant de savoir si l’Espagne peut s’endetter, car elle le peut, mais plutôt, dans quel état sortira le pays de la crise. On peut s’endetter à outrance mais il faut penser à l’après.”
Niveau d’acceptation
Autre facteur qui pourrait pousser le gouvernement à opter pour l’attentisme: la difficulté d’acceptation des habitants. “Il serait très difficile pour les Espagnols d’accepter un reconfinement. Les tensions commencent à monter parce que les Espagnols ont peur”, a expliqué au HuffPost Christine Rifflart, économiste spécialiste de l’Espagne à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Le pays a vu son taux de chômage grimper à 16,26% au troisième trimestre contre 15,3% au deuxième, avec 355.000 chômeurs supplémentaires selon les données officielles publiées en octobre. Or, “il y a beaucoup moins de protection sociale en Espagne qu’en France, a poursuivi la spécialiste. Beaucoup d’Espagnols sont obligés de puiser dans leur épargne, contrairement aux Français, qui ont vu le pouvoir d’achat moins impacté par la crise du Covid-19 en raison des aides sociales.”
Le coût psychologique d’un reconfinement est également pointé du doigt par les défenseurs d’un statu quo. “Le confinement a créé de nombreux problèmes sociaux, de santé mentale ou de violences sexistes”, a relevé dans El País Salvador Peiró, épidémiologiste. D’après une étude réalisée par l’hôpital del Mar de Barcelone, 60% des personnes avec des troubles mentaux auraient connu une détérioration de leur état psychologique après le confinement.
Campagne de vaccination contre le Covid-19
Enfin, les élections en Catalogne, fixées au 14 février prochain, pourraient également pousser le gouvernement temporiser. 5,6 millions de Catalans sont appelés aux urnes le 14 février pour redonner un gouvernement à la région. Mais en cas de renconfinement généralisé, les élections ne pourront se tenir, comme l’a expliqué l’exécutif catalan. Or l’opposition a demandé à ce que seule une situation sanitaire urgente puisse justifier un report, selon le journal local catalan El Periódico de Catalunya.
“Le gouvernement espagnol compte beaucoup sur la campagne de vaccination (2,6% de la population est vaccinée aujourd’hui contre le Covid-19,ndlr). Ils attendent de voir ce que ça donnera avant de prendre de nouvelles mesures”, a repris l’économiste Christine Rifflart. C’est également ce qu’a soutenu Toni Trilla, responsable de la médecine préventive à l’Hôpital Clínic de Barcelone, précisant que si la courbe de contagion baissait, le confinement “ne serait pas nécessaire”.
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