Un vaccin contre le Covid avant la présidentielle américaine? Des scientifiques s’alarment

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Images By Tang Ming Tung via Getty Images

Plusieurs vaccins contre le coronavirus sont à l’étude (image d’illustration)

ÉTATS-UNIS – Le temps scientifique n’est pas le temps politique. Et pourtant. Une annonce faite dans la soirée de ce mercredi 2 septembre laisse place à une surprenante convergence des deux. Sous l’autorité de Donald Trump, les autorités sanitaires américaines ont demandé aux États de préparer la distribution à grande échelle d’un vaccin contre le coronavirus d’ici début novembre.

Les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) “demandent urgemment” que les États fassent le nécessaire afin que les centres de distribution d’un futur vaccin puissent être “complètement opérationnels d’ici le 1er novembre 2020″, a écrit leur directeur Robert Redfield, dans une lettre envoyée aux gouverneurs la semaine dernière.

Le patron des CDC mentionne notamment la levée de restrictions administratives, ou la délivrance de permis et licences. Si plusieurs vaccins sont actuellement en phase d’essais cliniques, il n’est pas certain que l’un d’entre eux sera effectivement efficace et sûr. Mais les autorités préparent d’ores et déjà une distribution éventuelle afin de gagner un temps précieux.

Un document, publié par le New York Times et envoyé aux autorités sanitaires locales le même jour que la lettre du patron des CDC, élabore trois scénarios en fonction de l’avancée d’un “vaccin A” et d’un “vaccin B”. Ceux-ci semblent correspondre aux vaccins développés par Pfizer et Moderna, selon le quotidien américain. Les États-Unis ont précommandé des millions de doses auprès de ces deux entreprises, mais aussi auprès des sociétés AstraZeneca, Johnson & Johnson, Novavax et Sanofi, afin de s’assurer des livraisons rapides de la part du candidat qui se révélera gagnant.

Dans le premier scénario, selon lequel le vaccin A démontre son efficacité, il est estimé qu’environ deux millions de doses seraient disponibles fin octobre, puis 10 à 20 millions fin novembre (dans le deuxième scénario, le vaccin B est efficace, dans le troisième, les deux vaccins le sont).

Sont notamment détaillées dans le document les conditions nécessaires à leur envoi, leur stockage, ainsi que les populations devant être vaccinées de façon prioritaire, à savoir le personnel soignant et les travailleurs essentiels.

Preuve supplémentaire que les États-Unis font tout pour rendre l’accès à un vaccin le plus rapide possible: le chef de l’Agence américaine des médicaments (FDA), Stephen Hahn, n’a pas écarté l’hypothèse de l’autorisation d’un vaccin via une procédure d’urgence (EUA), avant même la fin des essais cliniques.

Où en sont les vaccins contre le coronavirus

À l’heure actuelle, comme l’explique la toute dernière liste, datée du 28 août, produite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recensant les vaccins à l’essai dans le monde entier, Moderna et Pzifer en sont à la phase 3 de leur vaccin respectif, mais cette dernière nécessite plusieurs mois pour être menée à terme. . 

“La phase 3 est essentielle”, rappelait ainsi au HuffPostl’infectiologue canadien Isaac Bogoch. Elle sert à estimer l’efficacité du vaccin, mais aussi pour “identifier de potentiels effets secondaires rares”. À la fin du mois de juillet, lorsque Pfizer a annoncé la phase 3 de ses essais cliniques, il lui fallait alors enrôler 30.000 personnes, réparties dans 120 sites. Autant dire que les délais d’ici le début du mois de novembre sont extrêmement courts.

Sur Twitter, le scientifique et spécialiste des maladies infectieuses Peter Hotez évoque d’ailleurs des données pour l’instant plutôt partielles. “Jusqu’à présent, les données publiées sur les deux vaccins à ARNm sont très modestes – nous savons que 2 doses seront nécessaires et les données publiées concernent seulement 15 volontaires ayant reçu 2 doses du vaccin Moderna et 12 volontaires le vaccin Pfizer, ou 10 Vaccin Astra Zeneca”,

Quant à Sanofi et GSK, ils viennent tout juste de démarrer leurs essais sur l’homme, ont-ils annoncé ce jeudi. Les laboratoires vont recruter 440 participants en bonne santé pour conduire cet essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, qui permettra d’évaluer la tolérance et la réponse immunitaire du candidat vaccin. 

Opportunité politique pour Trump?

La révélation de cette lettre du CDC a rapidement déclenché une levée de boucliers dans la communauté scientifique. En creux, des accusations d’opportunisme électoraliste. L’élection présidentielle devant se dérouler le 3 novembre, l’annonce d’une première vague de vaccination deux jours avant serait un argument de poids pour Donald Trump, largement tancé pour sa gestion de la crise sanitaire et devancé par Joe Biden dans les sondages.

Lors de la convention républicaine la semaine dernière, le vice-président Mike Pence n’avait d’ailleurs pas manqué d’assurer qu’un vaccin miracle serait bientôt prêt. Mais pour les scientifiques comme le biologiste et professeur à l’université, ′ de Seattle Carl T. Bergstrom, c’est surtout un coup politique. Ce dernier accuse tout de go les autorités sanitaires de vouloir “protéger l’ego de Donald Trump aux dépens de la vie des Américains”.

“Si une EUA  était émise pour des raisons non scientifiques (comme, par exemple, le désir d’un candidat d’avoir un avantage dans une élection à venir), cela détruirait la confiance du public dans la science médicale en tant qu’entreprise fondée sur des preuves. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire”, s’inquiète également la virologue Angela Rasmussen.

Peter Hotez rappelle qu’une autorisation en urgence pour un vaccin peut avoir des conséquences dramatiques et que cela n’a encore jamais été fait pour un produit de cette importance. ”Les EUA impliquent des examens inférieurs aux normes. Comment pouvez-vous justifier un examen inférieur aux normes pour quelque chose qui sera injecté à des dizaines de millions, voire des centaines de millions d’Américains?”, déplore-t-il également avant d’évoquer un “cauchemar de communication scientifique” jamais vu en “40 ans de carrière”.

Crise de confiance scientifique

Outre les accusations d’opportunisme et d’amateurisme, la communauté scientifique pointe du doigt le rôle de Stephan Hahn. Ce dernier s’est défendu dimanche dans un entretien publié par le Financial Times d’être soumis à la pression du président pour autoriser un vaccin avant le scrutin présidentiel. “Ce sera une décision motivée par la science, la médecine et des données. Ce ne sera pas une décision politique”, a-t-il assuré en vain. 

Beaucoup n’ont cependant pas oublié que le chef de la FDA a accepté d’autoriser en urgence le traitement à l’hydroxychloroquine soutenu par le président avant de faire finalement marche arrière. Plus récemment, Stephen Hahn a été sous le feu des critiques pour avoir utilisé des données partielles concernant le traitement au plasma, soutenu et voulu par Donald Trump également.

Les dernières annonces viennent en toute logique nourrir un peu plus les craintes d’une politisation du débat scientifique, comme l’explique l’épidémiologiste Saskia Popescu dans le New York Times. “Ce calendrier avec un déploiement à la fin du mois d’octobre est profondément préoccupant pour la politisation de la santé publique et les ramifications potentielles de sécurité. Il est difficile de ne pas voir cela comme une incitation à un vaccin préélectoral”, déplore-t-elle. 

Une politisation qui pourrait avoir par ailleurs des conséquences lourdes et à long terme sur la confiance et entraîner une montée en puissance des antivax, alerte un ancien haut fonctionnaire santé de Barack Obama, Andy Slavit. Il rappelle ainsi que pour qu’un vaccin protège bien la collectivité, il faut un certain degré d’efficacité mais aussi de confiance.  “Un vaccin efficace à 50% mais jugé fiable à 25% aurait un impact sur 12,5% de la population. À quelle vitesse pourrions-nous nous débarrasser du virus avec un vaccin non fiable? Eh bien, nous ne le ferions pas. Les vaccins sont un pacte entre nous tous pour nous protéger les uns les autres. Si je compte sur vous et que vous comptez sur moi mais qu’aucun de nous ne se fait vacciner, nous perdons tous les deux”, écrit-il.

À voir également sur Le HuffPost: Concernant le vaccin russe, le Dr Anthony Fauci partage ses sérieux doutes



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